À la découverte du bourg et de son histoire Malgré son apparence paisible, Saint-Laurent a vécu une vie parfois agitée. Placé au sein d'une région stratégique de l'Aquitaine, une zone frontalière entre Limousin, Périgord, Angoumois et Poitou, il s'est trouvé plus d'une fois champ de bataille. D'abord entre ses possesseurs successifs (le vicomte de Limoges, puis le vicomte de Rochechouart) et leur suzerain, le duc d'Aquitaine. Ensuite, entre le duc d'Aquitaine et le roi de France. Enfin, entre Papistes et Huguenots. Au-delà des souvenirs guerriers, il reste aussi bien sûr, des témoins du mode de vie des siècles antérieurs à la Révolution, longue période que l'on appelle " l'Ancien régime". La Révolution en a détruit certains, mais plus encore le XIXe siècle qui a fait entrer le bourg dans la vie moderne. Nous vous invitons à partir à la découverte de ces souvenirs le long des rues du bourg. |
"extrait du plan cadastral napoléonien" |
Comme on disait jadis en pays limousin : "Chabatz d'entrar" (entendez : tsabê d'ein'trè), c'est-a-dire "finissez d'entrer" dans le bourg et son histoire. |
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1. L'église La paroisse de Saint-Laurent ("Sent Laurenç"), l'une des plus anciennes de la région, a été fondée à l'époque mérovingienne, mais on ne sait pas où se trouvaient les lieux de culte à l'origine. La construction de son église de pierre, entreprise seulement après la création du bourg chef-lieu de la communauté, date du Moyen-Àge. Elle a été bâtie par étapes, entre la fin du XIe siècle et le XVe siècle. Comme le voulait la tradition, elle était située a l'extrémité Nord du bourg, le choeur tourné vers l'Est, en direction de Jérusalem. Son clocher sans doute fortifié à une époque particulièrement troublée, a ensuite perdu de sa hauteur. La facade Sud, ornée d'un cadran solaire a été complétée plus tard d'une halle (lieu d'assemblée de Laurentais) et d'une sacristie. Pendant le XIXe siècle, la halle a disparu et la sacristie a été transférée sur la facade Nord. Au cours de sa longue histoire, l'église a connu bien des moments de grand délabrement, mais s'en est toujours rétablie et a réussi à préserver son architecture et beaucoup de ses trésors de sculptures et d'objets liturgiques. |
2. La place de l'église Les Laurentais la doivent à Louis XVI. Dès le début de son règne, par souci d'hygiène, le roi a interdit les inhumations dans les églises et ordonné le transfert hors des bourgs, des cimetières traditionnellement accolés à leur église. Bon gré, mal gré, le paroisses ont obéi et en particulier les limousines parce que l'évêque du moment, Mgr Duplessis d'Argentré, favorable à l'opération, a veillé à sa rapide exécution. Les Laurentais y ont donc gagné un air libéré des puanteurs antérieures et les agréments d'une place publique. Le puits de la place sera, une vingtaine d'années plus tard, le pivot des manifestations pro- et anti-révolutionnaires. À la fin du XIXe siècle, il sera enfoui sous la nouvelle grande route Saint-Junien-Châlus et remplacé par une pompe, une dizaine de mètres plus loin. |
3. La vieille tour est l'un des témoins des époques mouvementées de l'histoire de Saint- Laurent. C'est certainement de cet ouvrage défensif dont parlent les historiens limousins de jadis quand ils racontent qu'en 1172, le vicomte de Limoges, Aymar V, abandonne le siège "du chateau et de la ville de Saint-Laurent" en apprenant que Richard Cœur de Lion est à ses trousses. Un siècle plus tôt déjà, le vicomte de Limoges de l'époque, Aymar II, en conflit avec son suzerain Guillaume VI, duc d'Aquitaine, vient a Saint-Laurent au cours d'une tournée de ses vassaux. Cela prouve l'existence à cette époque d'un élément défensif sans doute première ébauche de château. Cette tour a vraisemblablement été édifiée pour tenir un double rôle : surveiller la circulation routière sur la vieille voie antique qui franchit la Gorre à gué à ses pieds, et contrôler la motte castrale construite au XIe siècle, un peu en aval (en contrebas du château actuel de Feuillade), pour le compte d'un seigneur voisin très expansionniste, le vicomte de Rochechouart. |
4. Le "fournial" Accolé à la tour, au bord de la petite rue de Matali, c'était le four à pain seigneurial, obligatoirement utilisé à tour de rôle par les habitants du bourg. Contre redevance au seigneur, évidemment. À la fin de l'ancien Régime, les notables du bourg s'en sont affranchis en construisant chacun leur four à pain. Au XIXe siècle, le fournial (aujourd'hui disparu), est devenu la propriété d'un boulanger professionnel. 5. La petite rue de Matali Elle est probablement le plus ancien témoin de l'histoire laurentaise et son nom vient de si loin qu'il est resté une énigme. Dès l'origine, elle a relié le bourg au gué de la Gorre en suivant le tracé d'un très vieux chemin de long parcours remontant a l'époque néolithique. Pour franchir la Gorre, ce chemin avait suivi la piste des troupeaux d'animaux sauvages qui passaient d'une rive a l'autre de la rivière. Depuis la préhistoire, l'importance de ce chemin est considérable. Il joint deux voies antiques : la "route du sel", de l'Atlantique à l'Europe centrale et la "route des métaux", de l'Armorique à la Méditérranée. Saint-Laurent est né de sa position stratégique sur cette voie dans sa traversée de la Gorre. |
6. La porte du pont Elle n'est plus q'un souvenir. Pour cause de vétusté, elle a été démolie à la fin du XIXe siècle. Le pont dont elle était à la fois le poste de garde et le bureau de péage, a été construit au XVIe siècle. Il succédait certainement à un pont de bois (peut-être couvert) qui avait remplacé au Moyen-Âge une planche de bois posée sur d'énormes dalles de pierres disposées dans le lit de la rivière. La porte du pont fermait son extrémité Est, côté bourg. Au cours du XVIIIe siècle, la plupart des péages ont disparu, sous la pression des intendants, afin de faciliter la circulation des marchandises. À Saint-Laurent, le bâtiment qui leur était affecté a été transformé en prison. Prison exiguë, mais suffisante car sous l'Ancien Régime, le séjour était éphémère. Pour les délit graves, les détenus étaient transférés le plus vite possible à Rochechouart ou à Paris. Après la Révolution , avant de tomber en ruine, elle a continué de jouer son rôle,sous l'œil vigilant de la gendarmerie. |
7. La Grand'Rue Créée au début du règne d'Henri IV, c'est la première rue moderne du bourg et elle s'étend de l'entrée Est du bourg jusqu'au pont. Les maisons de notables qui la bordèrent dès sa création ont comblé le vide existant entre les deux parties du bourg : la"ville" et le quartier construit près du château après la Guerre de Cent Ans. 8. La "Maison de Saint-Laurent" Elle a probablement été a l'origine bâtie pour les seigneurs de Saint-Laurent qui ont succédé a la dynastie des Bermondet (seigneurs de la fin du XVe siècle au début du XVIIe). Il est arrivé alors une nouvelle "race" de seigneurs, des hauts fonctionnaires étrangers à la région, titulaires d'un office royal, désireux d'affermir leur prestige tout neuf par une demeure riche et moderne. Les maisons bâties le long de la Grand'Rue répondaient à ce vœu et le nouveau seigneur de Saint-Laurent y établit sa résidence. Au début du XVIIIe siècle, la seigneurie de Saint-Laurent est acquise par Jean de Léonard, Trésorier de France à Limoges, déja baron de Sain-Cyr et qui habite son beau château de Puy d'eau. Après son fils (Jacques-Martial), son petit fils (Antoine), le mari de sa petite-fille ( lecompte de Roys, un noble bourbonnais) a hérité de ses titres et de ses domaines. La seigneurie de Saint-Laurent en est bien un petit morceau. La "Maison de Saint-Laurent" est réduite au rang de siège de l'intendance, mais à la Révolution, elle symbolise toujours l'Ancien Régime et il faut à comte des Roys beaucoup d'opiniâtreté pour la conserver, ainsi que ses autre biens. La tourmente passée, le comte quitte le Limousin après avoir vendu tous ses domaines. Plus tard, après plusieurs propriétaires, la commune de Saint-Laurent l'acquiert au milieu du XIXe siecle et en fait sa mairie. |
9. Le Porche du château Surmonté d'un pigeonnier, il indique l'entrée de l'ancienne enceinte du château d'aujourd'hui, autrefois bordée d'un fossée et d'un "boulevard", c'est-à-dire un terre-plein bien dégagé pour le garder de toute surprise ennemie. Après la Guerre de Cent Ans, Saint-Laurent ne semblant plus devoir redevenir champ de bataille, le fossé a été comblé. Au-delà du fossé, devenu ruelle, des maisons ont été construites. |
10. Le château La seigneurie de Saint-Laurent a, de tout temps, été modeste. Mais se situant dans une région stratégique du duché d'Aquitaine, son château, même s'il ne pouvait pas prétendre à une grande envergure, devait assumer un rôle de garde et de défense.
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11. Le chemin du Lavoir de chez Chabrol Il est tracé sur l'extrémité du fossé comblé du mur d'enceinte du château. Il perpétue la mémoire des temps où les campagnes vivaient sous la menace des armée ennemies ou des bandes de brigands. Ce chemin conduisait au "petit gué du château", à la fois lavoir public et abreuvoir jusqu'au milieu du XXe siècle. |
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12. le "communal du gué" Il était le principal espace collectif des habitants du bourg, le second était le communal du bois de breuil. Au Moyen-Âge , l'un et l'autre compensaient l'exiguïté des domaines privés de ceux qui choisissaient de se grouper pour mieux défendre leurs droits et leurs intérêts. Les Laurentais y hébergeaient et faisaient paître leur bétail (dont les porcs au moments de la glandée) et s'y fournissaient en bois de construction et de chauffage. Au fil des siècles, le mode de vie est devenu plus individualiste et le communal, mal respecté, a été grignoté sur ses bords par les propriétaires riverains. À la fin du XVIIIe siècle, il en restait cependant assez pour pouvoir recueillir le cimetière paroissial quand celui-ci a été chassé du centre-ville. Escale provisoire car, à la fin du XIXe siècle, la poussée démographique du bourg l'a débordé. Il a fallu à nouveau le déplacer jusqu'en haut de la côte et les Laurentais baptisèrent " rue Monte-à-regret" le chemin qui y conduit. Le communal ne restera pas vide. il devint un champ de foire complémentaire, nécessité par la bonne santé économique de la commune. Au début du XXe siècle, à son extrémité Ouest, y sera édifié le premier équipement public moderne : la poste, devenue aujourd'hui la mairie |
13. Le foirail
L'époque est difficile et inquiétante parce que la troisième querre de religion se déroule dans la région, mais la nouvelle emplit de joie et d'espoir le cœur des Laurentais. Leur précieux foirail va trôner à l'entrée du bourg pendant deux siècles, jusqu'à ce que la " Grande maison" obtienne de l'annexer. |
14.La " Grande Maison"
Qui plus est, il avait obtenu d'annexer le foirail qui lui avait servi de cour d'entrée et de socle surélevé pour sa spectaculaire résidence. Les Laurentais, médusés, l'ont imédiatement surnommée "la Grande Maison" et ce nom lui est resté. Une belle grande grille en fer forgé a orné l'entrée du domaine jusqu'en 1935. À cette date, des revers de fortune ont amené les propriétaires à lotir leur terrain et à créer ainsi le premier lotissement de la commune |
15.Le champ de foire
Il fut le corollaire obligatoire de l'abandon du foirail à Charles Planteau-Mammaran. Il lui fallait tout de suite un successeur. L'emplacement choisi, adossé à la façade Nord de l'église, était calme et plat mais beaucoup trop exigu. Jusqu'à la fin diu XIXe siècle, les propriétaires des prés, des terres et des taillis qui lui faisaient suite résistèrent aux allocations des municipalités successives. Il ne cédèrent que lorsque, par la volonté du préfet, la grande voie nouvelle Saint-Junien-Châlus éventra le vieux quartier qui se pressait à l'Est du chevet de l'église. Le champ de foire devint alors une longue et belle place, prolongée par la bascule publique (qui se situait devant le Crédit Agricole Actuel) et ombragée par une double rangée de tilleuls. |
16. Le moulin "banal" du bourg Dans l'Ancien Régime, "banal" voulait dire que le moulin appartenait au seigneur et que les habitants du bourg étaient obligés d'y faire moudre leur grain et de lui en payer la redevance. Quant au meunier, ils le payaient en nature avec une partie des grains, qu'une fois moulue, celui-ci revendait à son profit. Le moulin du bourg d'antan possédait des meules à seigle et à froment. Son grand réservoir lui permettait de réguler (à peu près !) le débit parfoit capricieux et les brusques crues de la Gorre. Au moment de la Révolution, sur les huit moulins de la paroisse, deux autres appartenaient à la seigneurie, le moulin de l'Âge qui était aussi pressoir (appelé "Moulin Neuf" à pârtir du XVIIe siècle) et celui de Limont, à la frontière avec la seigneurie de Saint Cyr. 17. La Maison Desoubsdanes témoigne, de manière exeptionnelle, de l'histoire d'une des grandes familles laurentaises de jadis. Pendant plus de quatre siècles, chaque génération de Desoubsdanes, naissant dans sa maison ancestrale, a marié sa belle position dans la société de son époque et sa fidélité à son sol natal, et à l'activité rurale de ses origines. La demeure des Desoubsdanes est à leur image : imposante (mais simple) maison bourgeoise, elle allie un superbe escalier de pierres intérieur, digne des maison nobles d'antan, et un surprenant balcon-séchoir paysan. Au milieu du règne de Louis XIV, la cour, entourée de bâtiment agricoles, a été close par un grand porche fermé pare une porte charretière et une porte piétonne. Un siècle plus tard, le domaine s'est doté d'un four a pain privé. |
18. La grange à la tête sculptée Ce vaste bâtiment (aujourd'hui espace culturel) appartenait aux Desoubsdanes depuis plusieurs siècle. Mais cette grange n'est pas comme les autres. Elle a très probablement eu, à une époque antérieure, un rôle particulier. La tête de pierre sculptée placée au-dessus du linteau de bois de la plus grande porte indique vraisembablement qu'au Moyen-Âge la communauté laurentaise a destiné le bâtiment à offrir un gîte de nuit au voyageurs de passage : pélerins, marchands ou vagabonds. |